Couverture de Cette silhouette qui pend à la fenêtre… par Noël Bertrand
ISBN : Non renseigné8 pagesTout publicNumériquepdf 30 déc. 2019
Ce corps qui pend à la fenêtre et ce trou méticuleusement creusé. Quelque chose comme un tableau tragique. Il est pourtant question d'amour.

« Une Gnossienne promenait sa mélancolie sur les pâleurs et l’atmosphère suave d’un après-midi d’automne.
Les plus hautes branches des cèdres suivaient la mesure, balançant lentement leurs silhouettes sur un horizon coincé entre des immeubles et quelques rares espaces de verdure. Au loin, on apercevait une métropole grise d’un côté, de l’autre un enchevêtrement d’autoroutes et de bâtiments blafards, parfois un parc, un château.
Face à la maison bourgeoise, avec son perron et la terrasse ornée de colonnades, un jardin planté de solides arbres, certains centenaires, des allées de gravier ou de terre battue entourant une pelouse tachetée de rouille ; au centre, un bassin circulaire vide commençait à s’emplir des feuilles jaunies des marronniers et des catalpas. L’ensemble dégageait l’atmosphère nostalgique des vieilles demeures familiales à l’abandon avant qu’elles ne soient reconverties en hôtels particuliers ou en bâtiments administratifs.
À quelques mètres de la balustrade qui fermait la terrasse sur laquelle on avait abandonné une table et quelques sièges de jardin à la peinture défraîchie, un trou s’agrandissait, tantôt de la pioche, tantôt de la pelle. La terre suffisamment meuble étouffait les coups avant qu’ils n’interfèrent avec cette musique d’Éric Satie qui s’échappait d’une fenêtre ouverte ; les outils s’abattant avec lourdeur semblaient suivre le rythme lancinant. La terre était extirpée du fond avec un bruit sourd et déposée silencieusement sur les bords.
Gilbert, tout à sa tâche, fignolait, retouchait, mesurait de l’œil et retravaillait son ouvrage par petites touches légères.
Là-haut, entre les branches du marronnier et les quelques feuilles qui lui restaient, à la dernière fenêtre de droite, posait une figure pâle et immobile, les yeux grand ouverts, perdus dans le vague, ... »
Portrait de Noël Bertrand
Nouvelle publiée sur amazon, ASIN: B07M65MH9N, fin décembre 2018 et qui dormait dans un tiroir de mon ordinateur depuis quelques années, inspirée par la musique d'Éric Sati et une regrettable scène que j'ai...déjà oubliée dans un recoin de ma mémoire.
Publié le 10 févr. 2019 à 8h02